Les invasions barbares : Une généalogie de l'histoire de l'art

L'histoire de l'art a commencé avec les invasions barbares. Vers 1800, ces invasions sont devenues soudainement l'événement décisif par lequel l'Occident se serait engagé dans la modernité : le sang neuf des races du Nord, tout en conservant l'ancien, aurait apporté un art n...

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Détails bibliographiques
Auteur principal : Michaud Eric (Auteur)
Format : Livre
Langue : français
Titre complet : Les invasions barbares : Une généalogie de l'histoire de l'art / Éric Michaud
Publié : Paris : Gallimard , 2022
Paris : Cairn
Collection : NRF essais
Titre de l'ensemble : NRF Essais
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Documents associés : Autre format: Les invasions barbares
Description
Résumé : L'histoire de l'art a commencé avec les invasions barbares. Vers 1800, ces invasions sont devenues soudainement l'événement décisif par lequel l'Occident se serait engagé dans la modernité : le sang neuf des races du Nord, tout en conservant l'ancien, aurait apporté un art nouveau, nécessairement antiromain et anticlassique, et dont l'héritage était encore manifeste en Europe. Ce récit fantastique, inséparable de la formation des États-nations et de la montée des nationalismes en Europe, se fondait sur le double postulat de l'homogénéité et de la continuité des peuples étrangers : il fit bientôt tomber les styles artistiques sous la dépendance du sang et de la race. L'histoire de l'art associa ses objets à des groupes raciaux en s'appuyant sur quelques singularités visibles : tantôt leurs qualités tactiles ou optiques les dénonçaient comme latins ou germains , tantôt la prédominance des éléments linéaires trahissait une origine méridionale, quand le pictural indiquait clairement une provenance germanique ou nordique. Les musées, pour finir, regroupèrent les productions des beaux-arts selon leur provenance géographique et l'appartenance ethnique de leurs créateurs. Il serait parfaitement vain de chercher à démontrer que l'histoire de l'art fut une discipline raciste : elle ne l'aura été ni plus ni moins que les autres sciences sociales qui, toutes, furent touchées ou orientées par la pensée raciale visant à classer et hiérarchiser les hommes en fonction de traits somatiques et psychologiques qui leur étaient attribués. Mais, montre Éric Michaud, les liens qu'elle a tissés entre les hommes et leurs objets artistiques ne sont pas encore tranchés : l'opinion la plus commune sur l'art est qu'il incarne au mieux le génie des peuples. Aujourd'hui encore, sur le marché mondialisé, la provenance ethnico-raciale exhibée des œuvres Black , African American , Latino ou Native American donne à ces objets d'échange une plus-value estimable. Ainsi s'expose en permanence une concurrence des races qui n'est jamais que la même qui présida aux commencements de l'histoire de l'art
ISBN : 978-2-07265-840-2